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sang et qi

Energie du sang et énergie du Qi

Les muscles sont nourris par le sang (carburant) dont l'oxygéne est le comburant. Les élément nutritifs du sang s'épuisent vite et leur combustion/transformation lors des efforts musculaires laisse des résidus qui doivent être éliminés sous peine d'intoxication. Le sang et ses éléments nutritifs, énergétiques, sont issus de l'alimentation, solide et liquide. Il est impliqué dans tout un processus de digestion, assimilation, stockage, transport, filtrage, élimination, qui doit être efficace et pleinement opérant. Quand la demande des muscles en carburant est augmentée de manière répétitive et pendant des périodes prolongées, ce processus ne peut plus suivre le rythme normal de l'organisme et devient comme une usine qui tourne à plein régime. Elle produit plus, mais les machines vieillissent plus vite et les hommes qui les font fonctionner sont épuisés.

Plus on fait d'efforts et plus les cellules du corps (des muscles bien sûr principalement, mais pas seulement) doivent se renouveller vite. Comme l'organisme à une capacité limitée de reproduction celllulaire, plus on utilise cette fonction plus on réduit son espérance de vie. Peu de travailleurs de force de toutes les époques, de sportifs de haut niveau des temps modernes ou de guerriers célébres du passé ont vécus 80, 90 et encore moins 100 ans.

Les méridiens sont irrigués par les organes, les Tan Tien (réservoirs d'énergie) et les Méridiens Extraordinaires, et la respiration les nourrit aussi et les dynamise. L'énergie est comme le sang en grande partie produite par la digestion des aliments solides et liquides, mais pas seulement. D'autres sources lui apportent de l'influx dynamique, notamment les énergies dites innées, déjà en place dans certaines parties du corps à la naissance, comme le Souffle Originel dans les reins ou le Souffle Ancestral du milieu de la poitrine. La respiration participe aussi à sa formation, lui apportant d'une part le yang issu de l'énergie solaire, et d'une manière plus ténue, le yang cosmique initial qui circule dans l'univers depuis l'origine des temps. L'énergie pure est transformée par l'organisme en énergie dite nouricière ou énergie essentielle, yong qi, qui irrigue les méridiens mais participe aussi à l'élaboration du sang. L'énergie a donc, comme le sang, des sources, des réservoirs, et des moyens de transport. Elle n'est donc pas illimitée. Comme pour le sang, si on la mobillise de manière plus importante que dans le fonctionnement normal de l'organisme, il est donc aussi nécessaire d'en augmenter et d'en améliorer la production, le stockage, la mobilité, et surtout la qualité. Ignorer ces aspects de l'énergie et la mobiliser sans cesse dans des pratiques plus ou moins épuisantes, l'appliquer dans des techniques martiales pour en augmenter l'efficacité, l'extérioriser dans des execices de résistance à des frappes, pour repousser un adversaire ou encore pour des exercises de casse, c'est ignorer la nature réelle de l'énergie et gravement atteindre à son intégrité.

La proposition des arts martiaux dits "internes" c'est de diminuer la part du sang et d'augmenter celle de l'énergie insubstancielle pour une efficacité au moins égale sinon supérieure. Hors si l'on étudie les généalogies des principales familles ayant transmise jusqu'à présent ces arts martiaux, on y trouve très peu de centenaires, et même de nonagénaires ! Par contre, si on regarde du coté des pratiquants des seules techniques méditatives et énergétiques, moines bouddhistes, taoïstes ou Maîtres de Qi Gong hors arts martiaux, la proportion de ceux-ci ayant bénéficié d'une grande longévité y est bien supérieure. Il faut réfléchir à cela et se poser les bonnes questions.

Le Maître de Ta ji quan Feng Zhi Qian a déclaré que sa pratique de recherche d'efficacité dans la mobilisation de l'énergie interne avait au final épuisé celle-ci, affaibli son organisme et gravement détérioré sa santé. Pour remédier à cela il s'était donc mis à étudier différents procédés taoïstes de restauration et de confortation de l'énergie, puis en avait fait la synthése dans une méthode qu'il nomma Xinyi Hunyuan qi gong, méthode spécialement destinée aux pratiquants de Tai chi Chuan. Rappelons que Feng Zhi Qian était un Maître de la dix-huitième génération de transmission du style Chen, élève direct du célébre Chen Fake. Quand on sait que c'est Chen Xin, un ancêtre de Chen Fake, qui est l'auteur de l'ouvrage le plus complet jamais écrit sur la théorie du yin yang et les applications de ses principes dans une pratique martiale, on peut se poser des questions quand aux pertes que subit une tradition de génération en génération, même au sein d'une même famille.

Nous avons nous-même longtemps étudié et pratiqué des techniques taoïstes de méditation et de qi gong avant de nous interesser à mettre certains des acquis obtenus dans la pratique des arts martiaux. Après avoir étudié les méthodes des différentes écoles que nous avons pu connaître, nous nous sommes rendus compte qu'on y parlait beaucoup d'énergie, mais que les techniques enseignées étaient soient très superficielles, soient inopérantes et parfois même dangereuses car incomplètes ou déformées, soient au mieux seulement axées sur l'entretien de la santé et l'équilibre énergétique, sans parler d'une grande méconnaissance de la théorie taoïste fondamentale, de la nature réelle de l'énergie et de ses processus opératoires. C'est pourquoi nous avons rassemblé et étudié les textes disponibles écrits par les Maîtres du passé, reccueilli et ordonné des techniques souvent dispersées au gré de transmissions fragmentaires ou déformées, et enfin examiné les manques et les faiblesses des méthodes connues afin de les combler par des apports issus de notre expérience des pratiques taoïstes.

La méthode de développement et de mobilisation de l'énergie que nous avons élaborée, en grande partie grâce à l'expérience des anciens et de quelques rares Maîtres actuels, est le coeur de notre pratique du Taï Chi Chuan. Elle se compose d'une base commune, avec des développements spécifiques selon que l'on poursuive un objectif de renforcement de la santé et de résistance au maladies ou un objectif  d'efficacité en auto défense. Une bonne santé à elle seule ne permet pas d'être un bon combattant, mais avoir une certaine maïtrise dans l'art martial du Taï Chi Chuan implique dans notre méthode une énergie vitale supérieure en quantité et en qualité à la normale, et donc une excellente santé.

Enfin, pour finir, nous insisterons sur un point important des pratiques internes. Une bonne santé s'obtient en comblant les manques et les déséquilibres de yin et de yang, de matière et d'énergie. Puis une fois l'harmonie rétablie, en entretenant une régulation équilibrée selon les besoins en sang et en énergie. Pour la pratique d'un art martial interne, c'est différent. La quantité d'énergie a intégrer dans l'organisme, à stocker et à mobiliser est bien plus importante. Il est essentiel d'en percevoir exactement en soi l'état et d'en user de manière proportionnelle. Il ne convient ni de s'acharner à user de plus d'énergie que l'on en possède, ni de la laisser inemployée quand on a pratiqué avec succès sa bonne intégration. Il convient d'étudier avec attention ces deux erreurs, communes chez les pratiquants de Qi Gong et des arts-martiaux internes, où la mobilisation de l'énergie vitale est prépondérante.

Extrait d'une conférence du Maître Chen Zhenglei dans lequel il aborde le sujet de l'énergie dans le Tai Chi Chuan.

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