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Rassemblement du Souffle vital dans le Champ de Cinabre Inférieur

Après l'étape de nettoyer et assainir, laquelle selon son état de santé peut prendre de quelques semaines à quelques mois, c’est au moyen de la respiration abdominale, dite aussi ventrale, que les débutants en qi gong concentrent l'énergie vitale dans le Champ de Cinabre Inférieur - HSIA DAN TIEN, situé dans le bas du tronc.
Pour établir le lieu physique qui servira de support, de centre de convergence à l’intention et à la représentation mentale ainsi qu’au processus respiratoire lui-même, on commence par situer le point Qi Haï (mer du souffle), sur le méridien Ren Mai (Méridien de Conception ou Responsable). Les manuels d’acuponcture situent le point Qi Haï à 1,5 cun (1 cun = 1 pouce chinois) sous le nombril, en pratique il suffit donc de poser deux doigts (normalement l’index et le majeur) en travers du ventre, juste sous le nombril, pour situer ce point sur l’axe vertical du tronc.
Le Champ de Cinabre Inférieur est à cette hauteur, mais plus à l’intérieur du ventre, entre le point Qi Haï sur Ren Mai et le point Ming Men le long de la colonne vertébrale. Le point Qi Haï est la connexion du Champ Inférieur avec Ren Mai.
On peut simplement situer physiquement ce point dans l’abdomen grâce à ces repères et rester ensuite concentré mentalement dessus tout en mettant en œuvre la pratique respiratoire. Mais on peut aussi utiliser son imagination et ses capacités de représentation intérieure pour non seulement situer ce centre physiquement mais aussi, de plus, s’en faire une image mentale, toute subjective au début, dont la fonction de support pour la concentration et l’intention est cependant effective, et efficace. Une fois situé le centre physiquement, on peut donc se le représenter en esprit, et même le visualiser dans l’abdomen sous la forme d’une petite perle lumineuse. Cette petite perle est à la fois solide et immatérielle. Elle est solide car imaginée comme réelle et concrète, et non virtuelle, insubstancielle, et elle est aussi immatérielle car l’énergie yang qui la compose en partie (ou qui la constituera par la pratique) est sensée être la plus raffinée et pure possible. Ce point central est donc constitué de yin et de yang mêlés. C’est pourquoi il convient de se représenter cette perle comme concrète, lumineuse et d’une douce chaleur. Certains d’ailleurs choisissent de se représenter le centre du Dan Tian comme un petit foyer, ou une lampe, alimentés peu à peu en combustible par la pratique. Cela semble bien fonctionner aussi.
L’essentiel, pour le pratiquant, est de rassembler ensuite encore plus de chaleur douce, de lumière, quelque chose qu’il peut assimiler à de l’énergie vitale, sur cette perle ou ce foyer. Pour cela, pendant l’inspiration, l’intention doit être de faire descendre l’air passant par le nez directement vers le bas du tronc, en gonflant le ventre mais pas la poitrine, qui reste détendue. On gonfle légèrement le ventre et on imagine l’abdomen se remplir d’une sorte de vapeur ou de gaz luminescent, d’une douce chaleur, de Souffle Céleste, d’énergie vitale. Puis, pendant l’expiration, pendant que le ventre est rentré lentement et que l’air ressort par le nez, il faut imaginer que chaleur, vapeur lumineuse et vitalité, elles, se rassemblent, s’agglutinent sur le point central du Champ de Cinabre, perle lumineuse ou foyer.
L’inspiration et l’expiration se font de plus en plus doucement avec la pratique, jusqu’à ne plus sentir passer l’air par le nez. On peut alors ressentir l’inspiration comme une sensation d’expansion dans l’abdomen, effet de l’énergie (chaleur, lumière, vitalité) qui l’emplit. Puis ressentir l’expiration comme une contraction, un rassemblement au centre, de cette énergie. On rentre doucement le ventre, volontairement, dans l’expiration, mais sans forcer.

On se sert du ventre pour ressentir les sensations de gonflement et de contraction dans l’abdomen, mais peu à peu, c’est dans toute la zone autour du point central que se développent ces mêmes sensations. Quand on inspire, l’expansion est alors ressentie comme se faisant dans toutes les directions, atteignant la périphérie de l’abdomen, et c’est de la périphérie vers le centre que se fait ensuite le rassemblement, toute la taille y participant. Ces sensations doivent se développer naturellement, sans essayer de les créer par trop de contrôle sur les muscles du tronc, du ventre et du diaphragme.
L’expiration est au moins un tiers plus longue que l’inspiration. A la fin de l’expiration, on garde le ventre rentré, toujours concentré sur l’intention du rassemblement, l’esprit fixé au centre, se représentant mentalement la perle ou le foyer plus chauds et lumineux, cela pendant environ 5 secondes avant de relâcher le ventre pour commencer à inspirer. Plus important que les outils de la représentation, de l’imagerie mentale d’un foyer lumineux dans le ventre, est l’outil mental de l’intention contrôlée, de développer la volonté continue d’emplir l’abdomen d’énergie à l’inspir et de rassembler cette énergie pendant l’expir. Représentations subjectives et vraie volonté, véritable intention concentrée, se conjuguent alors tout au long de la pratique. Associée à la mécanique respiratoire, cette concentration permet alors au Champ Céleste Inférieur de s’emplir peu à peu, mais seulement après que son Centre Véritable ait été constitué.
Il n’est généralement pas facile pour des débutants en pratiques internes d’essayer tout à la fois de contrôler sa respiration, son imagination et aussi sa volonté. Aussi faut-il s’y entraîner aussi régulièrement que possible, mais sans désir forcené de réussite, il est sain de rester détendu, même et surtout mentalement. Petit à petit, la respiration se fait plus longue, légère et fine. Si le mental a du mal à rester fixé sur les représentations et l’intention dirigée, des pensées ou des perceptions physiques ou sensorielles survenant régulièrement, il convient à ces occasions de se rappeler de l’objet de l’exercice et de tenter de rétablir la concentration correcte. La concentration est une capacité mentale qui doit souvent être entraînée longuement pour être capable d’atteindre à la continuité sans interruption, quel que soit son sujet ou son objet. Il n’est pas question là de force, de puissance de concentration, mais seulement de continuité, qualité déjà assez difficile à obtenir pour bien des personnes.

Les débutants doivent faire attention à ne pas respirer trop lentement, il ne faut pas manquer d’air et suffoquer. Si le temps de l’inspiration est trop long, généralement le haut du tronc devient chaud et rouge, et la sueur peut même y apparaître. L’énergie est alors bloquée en haut, ce qui ne convient pas au rassemblement dans le Champ Inférieur. Si par excès d’efficacité (cela arrive plus souvent qu’on ne croit), le souffle est au contraire bloqué dans le ventre, l’on peut ressentir des contractions pénibles ou diverses gênes et douleurs dans l’abdomen, et il faut alors voir avec son professeur comment corriger cela.

Que de l’énergie, que l’on appelle aussi souffle, mais aussi énergie vitale quand il s’agit de l’énergie dans l’homme, puissent être rassemblée en un point donné du corps n’a rien de magique ou de mystérieux. D’abord cette pratique utilise la structure énergétique réelle du corps, avec ses canaux, ses nœuds (aussi points d’acuponcture), ces lieux de formation, d’échange et de transformation, mais de plus le souffle interne obéit aussi, en quantité plus ou moins importante, à la volonté, et donc à l’intention. C'est-à-dire que l’activité mentale comme émotionnelle de chaque personne a une influence sur la qualité de l’énergie des organes mais aussi et surtout sur les mouvements et déplacements de l’énergie qui parcoure les méridiens tout au long d’une journée.
La pratique optimale est de consacrer trois périodes quotidiennes au rassemblement du souffle : le matin, à la mi-journée et au milieu de la nuit. Chaque période est de 30 minutes au moins, soit 1 h 30 en tout quotidiennement, pendant trois mois environ. Ceci est le rythme de pratique d’une personne qui décide que le qi gong est une activité essentielle, et qui souhaite donc en réaliser les différents objectifs. Pour ceux à qui la situation sociale, les engagements divers ou les responsabilités acceptées ne laissent que peu de temps pour la pratique, mais qui réussissent à s’y consacrer régulièrement, cela peut demander jusqu’à une année ou plus avant de ressentir de vrais changements internes. Dans tous les cas de pratique, quand le Centre du Champ de Cinabre Inférieur atteint un certain état, par le rassemblement du souffle qui y est opéré, on perçoit alors ce centre comme une réalité tout à la fois physique et énergétique, présente en son corps.

Cette pratique, ici assez détaillée, de cette étape élémentaire mais essentielle dans la pratique de la plupart des méthodes des techniques énergétiques, comporte encore de nombreux aspects et détails qu’un enseignement complet doit transmettre. A mesure que l’on désire des éclaircissements sur la pratique, ses horaires, ses conditions, ses contre-indications aussi, s’ils ne viennent pas naturellement dans l’enseignement, il faut questionner celle ou celui qui savent vraiment. Enfin, à part la pratique régulière dans un lieu isolé du bruit et de l’agitation, certains arrivent à pratiquer aussi dans de nombreuses circonstances, comme pendant de longs déplacements, en effectuant certaines taches, ou même en lisant ou en regardant un film. Si respiration ventrale et pratiquer le rassemblement du souffle ne conviennent pas à toutes les activités, avoir cependant conscience constamment de l’énergie qui emplit le Champ de Cinabre Inférieur, et avoir conscience de ce Centre même, est cependant très positif.

NOTE :
La méthode exposée ci-dessus est issue des pratiques internes de ce que l'on appelle "l'alchimie interne" dans les traités taoïstes. Elle est la plus directe méthode de concentration du souffle vital, d'élaboration ou de restauration du Champ de Cinabre inférieur. Elle est ici pratiquée en posture assise pour établir le corps dans l'état le plus détendu possible, dans une pièce close mais aérée, loin de tout bruit et mouvement extérieur, comme une cellule de monastère taoïste ou un ermitage isolé. Les pratiquants de taï chi chuan, qui n'ont pas toujours accès à ces conditions idéales, la pratiquent souvent en posture debout, dans des parcs ou jardins, parfois même elle se trouve incluse dans un enchainement complet d'intégration, de concentration, de régulation et de circulation de l'énergie vitale.
Ces précisions sont valables pour la plupart des techniques qui suivent ce tutoriel, notamment La petite Révolution Céleste et La grande Révolution Céleste.